Eugenio Curiel

curiel-guttuso.jpgEugenio Curiel est né dans une famille juive de Trieste en 1912: son père est ingénieur chez les Chantiers Navals de San Marco, sa mère est la sœur du philosophe Ludovico Limentani. Il a trois frères.

Il atteignit la Bac scientifique en 1929: il suivit deux années d’ingénierie à Florence et s’inscrivit en 1931 à l’école polytechnique de Milan, mais changea quelques mois plus tard, préférant suivre le cours de physique de l’Université de Florence. En 1932, il obtient un diplôme d'études élémentaires, ce qui lui permet de commencer à travailler comme professeur et de financer ses études sans peser pour sa famille. Le 20 juillet 1933, il obtint son diplôme avec mention à l'Université de Padoue, où son ami Bruno Rossi, professeur de Physique Expérimentale, l'avait invité à terminer ses études.

L'adhésion d'Eugenio Curiel au Parti Communiste a eu lieu justement pendant les années passées à l'Université de Vénétie: en 1933, il rencontra Atto Braun, un ami d'enfance qui fait clandestinement partie du Parti Communiste et avec lequel Curiel commence à partager un logement. Ce n’est qu’en 1935 que Curiel rejoint officiellement le cercle communiste de l’Université de Padoue (où il entre notamment en contact avec Guido Goldschmied et Renato Mieli). À partir de 1937, il commence à travailler comme collaborateur chez Il Bò, le journal universitaire de Padoue, dont la rédaction est composée de jeunes fascistes en conflit avec l'orthodoxie du régime et de jeunes dissidents. La même année, il se rend à Paris, où se trouve le siège du Parti Communiste: il y connaît, entre autres, Emilio Sereni, Ambrogio Donini et Ruggiero Greco et rédige un article pour la revue Lo stato operaio ( sous le pseudonyme de Giorgio Intelvi).

En novembre 1938, les lois raciales ont été promulguées en Italie et Curiel a été renvoyé de l’enseignement (il avait obtenu l’assignation comme assistant universitaire en Mécanique Rationnelle à l’Université de Padoue); il s’ensuit donc une période assez difficile pour lui, voyageant souvent en Suisse et Paris, en contact avec des représentants de l'antifascisme italien, membres du Parti Communiste et personnalités liées au Parti Socialiste et à Justice et liberté. Au cours de l'un de ces voyages de la Suisse à Paris, il est arrêté à la frontière par la police française, renvoyé en Suisse puis de là en Italie. Le 24 juin 1939, il fut identifié par la police italienne à Trieste et arrêté. Curiel fut d'abord transféré à la prison milanaise de San Vittore et, après le procès et la condamantaion à cinq ans d'emprisonnement, à Ventotene, où il arriva en janvier 1940.

En 1943, suivant la chute du fascisme, Curiel quitta l'île et rentra à Milan où il dirigea l'Unité et La nostra lotta et contribua à la fondation du Front de la jeunesse pour l'indépendance et la liberté nationales.

Le 24 février 1945, il fut identifié à un poste de contrôle pour vérifier les documents par les Brigades Noires: il tenta en vain de s'éloigner et de se perdre dans la foule, une rafale de mitrailleuse le tue lors de la fuite.

Eugenio Curiel a été décoré avec une Médaille D'Or post-mortem.